La reconnaissance vocale au service des traducteurs – Bruno

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Envie d’un avis éclairé sur l’utilisation de Dragon dans notre métier de traducteur ? Bruno, un expert en la matière débroussaille le terrain.

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Mais qui est donc ce Bruno ?

J’ai eu la chance de rencontrer Bruno à la #PisaConf ProZ en juin 2014. Je savais qu’il avait donné des formations sur l’utilisation de DNS et qu’il a beaucoup d’expérience en ce domaine. En plus d’être un traducteur professionnel expérimenté, il est surtout une personne sympathique et disponible. Il n’a pas hésité un instant à partager ses astuces avec nous. Voici donc, comme promis en juin dernier, un avis d’expert.

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Ses conseils et explications concernant DNS :

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L'informatique évolue et nous, traducteurs, nous bénéficions de cette évolution à travers des outils tels que DNS
Évolution informatique
Évolution des technologies

Au cours des cinq dernières années, l’intelligence artificielle a réalisé d’énormes progrès. Tant la reconnaissance d’objets par la machine que la reconnaissance vocale se sont nettement améliorées. Le taux d’erreur de la première est passé de 38% en 2011 à 5% aujourd’hui. Celui de la reconnaissance vocale est passé de 23% en 2011 à 8% aujourd’hui (source : www.atelier.net/trends/articles/deep-learning-change-face-de-intelligence-artificielle_436538article que j’ai traduit, mais les relecteurs du client sont passés par là pour y semer quelques erreurs, voire horreurs… 🙁
Aujourd’hui, on peut créer un nouveau profil dans Dragon NaturallySpeaking (DNS ou Dragon) en quelques clics et l’utiliser immédiatement, sans avoir à passer par une étape d’apprentissage, comme auparavant.

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Et pour les traducteurs ?

La reconnaissance vocale est une aubaine pour les traducteurs. Elle permet de gagner en productivité, dans mon cas personnel, plus de 30%. Cela fait maintenant quatre ans que j’utilise Dragon quotidiennement pour toutes mes traductions, et je ne peux que m’en féliciter. Force est de reconnaître, toutefois que si vous traitez des fichiers truffés de tags, l’utilité de la reconnaissance vocale sera moindre. Par contre, pour les métiers très techniques (juridique, médical,…), il existe des versions spécifiques de DNS.

DNS est un outil d’aide à la traduction qui s’intègre parfaitement dans nos outils d’aide à la traduction classiques. Il suffit d’ouvrir votre CAT tool préféré (ou une application Office si vous n’en utilisez pas), de lancer Dragon et de commencer à dicter. Dragon est entièrement compatible avec memoQ ou Wordfast, c’est-à-dire que toutes ses fonctionnalités sont utilisables (correction par double-clic, commandes vocales dans la version professionnelle, etc.). Ce n’est pas le cas pour SDL Studio, même dans la version 2015. Mais je sais que les ingénieurs de Nuance et de SDL y travaillent et cela n’affecte en rien la qualité de la dictée ; seules quelques fonctionnalités avancées ne sont pas disponibles. Ce sont les seuls outils d’aide à la traduction que j’ai pu tester, mais la reconnaissance vocale fonctionne dans la plupart des applications.

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Le micro et la dictée
Pas besoin de hurler pour se faire entendre par DNS
Travailler sans déranger son voisin

En ce début d’été, la chaleur caniculaire m’a poussé à m’installer sur la terrasse pour trouver un peu de fraîcheur, mais la terrasse des voisins donne juste à côté. Pour ne pas les déranger, j’ai donc procédé à un nouveau réglage de mon micro, en parlant à voix basse. Maintenant, je peux dicter à mi-voix, sans déranger personne, tout en étant au frais. La qualité de la reconnaissance reste excellente, malgré le passage de trafic devant la maison. Il est donc faux de dire que, pour utiliser la reconnaissance vocale, il faut être dans un espace isolé, au calme. Vous pouvez très bien utiliser DNS dans un open space, vos voisins qui répondent au téléphone feront probablement plus de bruit que vous !

Par contre, la qualité de votre micro est primordiale. Il faut le choisir avec soin et ne pas hésiter à y consacrer le budget nécessaire. Personnellement, j’utilise actuellement un micro Bluetooth recommandé par Nuance. Vous pouvez utiliser différents micros (USB, Bluetooth, même votre smartphone…) avec un même profil. La performance de votre ordinateur est également déterminante : Dragon est gourmand en ressources et un matériel suffisamment puissant est recommandé. Dragon adapte la qualité (puissance) du profil aux performances de votre ordinateur. Le logiciel propose plusieurs niveaux, le meilleur choix qualité-prix est le niveau Premium.

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Optimiser la dictée

Il est également important de personnaliser votre profil pour l’optimiser. Vous pouvez modifier de nombreux paramètres de Dragon via « Outils – Options ». Demander, par exemple, qu’à l’ouverture de Dragon, le micro soit en position stand-by (dans l’onglet « Divers » des options). Cela vous permet de commencer à travailler directement, par une simple commande vocale (« Au travail »).

Vous pouvez également ajouter au dictionnaire les mots que vous utilisez fréquemment : abréviations, noms propres, sigles, jargon (par exemple, « memoQ »), etc. Dragon les reconnaîtra et les orthographiera correctement. Il est également possible de modifier l’orthographe des mots que vous souhaitez orthographier d’une façon précise, par exemple si vous préférez écrire « entretemps » ou « plateforme » sans tiret. Tout cela peut se faire via « Vocabulaire – Ouvrir l’éditeur ».

Pour personnaliser votre profil, référez-vous à la documentation de Dragon ; vous pouvez également consulter la vidéo (payante) du webinar que j’ai animé sur le sujet pour ProZ, en 2013 (www.proz.com/translator-training/course/9418-dragon_naturallyspeaking_outil_daide_à_la_traduction ) ou me poser la question en direct (contact@langues-en-poche.fr), ça c’est gratuit…

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Attention, danger

Un piège dont il faut se méfier, par contre. Un outil de reconnaissance vocale ne fait jamais de faute d’orthographe d’usage. Mais il peut se tromper dans l’accord du participe, surtout dans de longues phrases, lorsqu’il y a des homophones et il peut remplacer le mot que vous dictez (et qu’il ne connaît peut-être pas) par un (ou plusieurs) autre(s). Il est donc conseillé de toujours relire un segment immédiatement après la dictée pour détecter les fautes qui passeraient à travers les mailles d’un correcteur orthographique classique.

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Autres avantages

Dragon NaturallySpeaking est également bon pour votre santé. Votre position d’assise est plus naturelle, vous évitez les maux de dos et les tendinites. Mais aussi, vous pouvez continuer à travailler quand vous êtes maladroit, comme moi ; je viens de me planter un couteau dans le bout du doigt (3 points de suture et un gros pansement) mais cela ne m’empêche pas de continuer à dicter. Par contre, si ma voix est éraillée parce que j’ai fait la fête toute la nuit, il me suffira de faire un nouveau réglage de micro pour régler le problème (dans la plupart des cas…). Ce n’est donc que si je suis totalement aphone que je devrai revenir au clavier.

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Mac et Cie

Il existe également une version de DNS pour Mac (Dragon Dictate), même si l’outil de reconnaissance vocale proposé sur le Mac semble d’excellente qualité, et une application mobile sous iOS (Dragon Dictation) qui permet de dicter du texte et de l’envoyer par mail, de le tweeter, etc. Et une autre appli, Dragon microphone qui permet de coupler votre ordinateur et un profil Dragon à votre smartphone pour utiliser ce dernier comme micro.

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Astuce de dernière minute

Et pour terminer, un petit truc que j’ai appris à la dernière masterclass de memoQ, en mai : si vous utilisez DNS avec memoQ, pensez à désactiver le « predictive typing ». Cela vous évitera, lorsque vous corrigez un mot au clavier, de voir défiler une à une, avec une lenteur exaspérante, les lettres du mot suggéré par memoQ.

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Bref, le monde passionnant de la reconnaissance vocale va encore certainement évoluer, et c’est tout bénéfice pour nous, traducteurs.

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Bruno

Texte dicté en utilisant Dragon NaturallySpeaking 12 Professionnel, pas plus de 10 erreurs, la plupart liées à des relents d’accent belge…comme « et » à la place de « est », par exemple ;o)

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Bruno m’a gentiment proposé de nous rédiger de temps à autre un petit article plus pointu, portant sur un thème précis, comme l’optimisation du profil, par exemple.

Trouvez-vous, comme moi, que c’est une excellente idée ?

Avez-vous des questions à poser à Bruno ?

Quels thèmes aimeriez-vous qu’il aborde ?

Retrouvez Bruno sur LinkedIn ou sur son site Web.

5 Responses

  1. Nellie-Anne Kafui Adaba.

    DNS m’a toujours intéressé, je n ai pas encore eu l’occasion de l’acheter ou de décider de l’acheter. Merci pour l’article

  2. Manuel@

    Merci, Nellie-Anne. J’espère que Bruno aura l’occasion de nous dévoiler quelques astuces à l’avenir.

  3. Carola BAYLÉ

    Merci Bruno, je lirai l’article attentivement ce weekend. J’ai acheté DNS il y a quelques mois, mais les premiers pas avec des textes médicaux très spécialisés n’étaient pas vraiment ce qu’il fallait pour habituer mon dragon à ma voix.

  4. Manuel@

    Bonjour Carola. Bruno pourrait peut-être nous aider à optimiser notre profil. Tiens, à ce propos, ce serait bien de savoir s’il est possible utiliser DNS en plusieurs langues (et comment), non ?

  5. Sylvie Lemieux

    Bonjour Bruno. J’utilise DNS depuis plusieurs années. Je cherche à optimiser son « alimentation » en ajoutant les textes que j’ai traduits. Pourriez-vous m’aider? J’aimerais également l’intégrer à TradooIT (tradooit.com). Pensez-vous que ce soit possible?