Et oui, j’ai eu le grand plaisir de rencontrer Dominique Defert et de discuter avec lui. Mais avant cela, il nous a raconté l’aventure Inferno.
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Rencontre avec ce personnage sympathique, première intervention de la #PisaConf de ProZ.com
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Monsieur Defert prend la parole devant des collègues pour la première fois. D’habitude, il s’adresse plutôt à des étudiants. Très rapidement, il trouve ses marques et nous explique avec humour et passion son aventure dans le « bunker », mais pas uniquement. Voilà qu’il répond à mes questions avant que je les lui pose.
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Dans le bunker
Nous l’avons lu, nous l’avons vu, les conditions de travail étaient insoutenables. De nombreux traducteurs ont réagi, et souvent de façon assez vive, mais nous en avons l’habitude 😉 .
En fait, Dominique Defert est lui aussi (et probablement même plus que la plupart d’entre nous) attaché à sa liberté et à son bien-être. Pas question donc de se laisser perturber et de perdre le plaisir, une notion capitale de sa vision du travail.
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Ce qui était le plus contraignant : les horaires de travail
Oh, pas que l’on travaille trop, au contraire, mais plutôt que l’on travaille trop tôt. L’auteur est habitué à travailler de 11h du matin à 5h le lendemain. Difficile de laisser son travail là à 21h, difficile aussi de se lever assez tôt pour prendre la navette qui va d’hôtel en hôtel pour vous mener, enfin, au bunker. Pas facile non plus de prendre des notes pour chaque recherche Internet (ah ben oui, pas question de jouer avec des clefs USB ou autres) et seuls deux PC sont raccordés à Internet, dans une autre pièce. Alors, le soir, c’est le moment des recherches, via le portable privé, à l’hôtel. Et le lendemain, pourquoi perdre son temps dans la navette quand on peut appeler un taxi et gagner de précieuses minutes de sommeil ?
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La philosophie de l’auteur face à la situation : affirmation de son identité et détermination à ne pas souffrir
Alors que certains semblaient résignés à souffrir « parce qu’il faut bien », Dominique opte pour la résistance et pour l’amélioration du quotidien. Impossible d’agir sur les horaires, sur l’accès à Internet ou sur le confort des sièges, peu importe. Des dictionnaires sont utilisés pour mettre la table à bonne hauteur. Un sacrilège ? Non, une mesure de survie. Tous les détails comptent : un petit fumoir organisé au bas des escaliers, une pause Whisky à 18h, un espace personnel clairement délimité (pour se sentir chez soi !), des écouteurs pour travailler en musique.
Si l’on ne prend pas de plaisir soi-même à écrire, comment imaginer un seul instant que le lecteur puisse en prendre à lire ?
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Une épreuve physique : il faut tenir !
Une concentration intense, un volume important à traiter dans des conditions inhabituelles et imposées, un délai très court, telles sont les contraintes imposées au corps et à l’esprit. Que se passerait-il en cas de grippe ou d’écharde plantée dans le doigt ? Comment tenir le coup ? Comment rester concentré ? Automédication, coca et autres sont au rendez-vous pour permettre au physique de suivre ce rythme effréné. Et surtout, ne pas oublier que l’on raconte une histoire ! Il ne s’agit pas de transmettre le sens premier mais bien l’intention de l’auteur. Paradoxalement, en matière d’écriture, vite et bien ne sont pas forcément opposés, bien au contraire. Une fois lancé, l’auteur peut entrer dans une sorte de transe où les mots se déversent, coulent dans un flot bouillonnant. Mais il faut toujours veiller à surprendre le lecteur. Vous attendiez continu, à la place de bouillonnant, non ?
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« Traduire une merde écrite par Dan Brown, jamais ! », ont dit certains.
Dominique Defert défend Dan Brown.
C’est un auteur de thriller qui donne envie d’aller au musée, pas de violer des filles. Il y a pire ! Il croit réellement que l’art et la culture sauveront l’humanité.
Selon lui, Dan Brown est un humaniste dans l’âme. Il tente, à travers ses thrillers, de donner au lecteur le goût de l’art et non d’éveiller ses bas instincts. Oui, il faut l’avouer, il y a pire.
Le traducteur est avant tout un auteur !
Dominique Defert est un artiste aux multiples facettes et, dans tout ce qu’il fait, il est sa référence. Il faut que son œuvre lui plaise, qu’il ait envie de lire son livre, de regarder son film. Il ne supporte ni les répétitions ni les clichés. Les auteurs américains ont tendance à prémâcher trois fois les informations pour leurs lecteurs. Le public français en a-t-il besoin ou préfère-t-il les indices plus subtils ? Éviter les répétitions inutiles n’est qu’une façon d’adapter le texte au public, à ses attentes.
Le journal Le Parisien a même mentionné que Dan Brown avait visiblement plus signé l’écriture de ce roman en français, une bouffée de bonne humeur pour le traducteur qui, lui, sait que Dan Brown n’a même pas vu le texte français.
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Les trois commandements de Dominique Defert :
COMPRENEZ CE QUE VOUS LISEZ, mais principalement l’intention de l’auteur
ÉCRIVEZ DANS VOTRE LANGUE, pour votre public, avec vos codes, oubliez la langue source
DONNEZ DE L’ÉMOTION
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Mais, dites-moi, ça paie bien ?
Hehehe, cela, nous en parlerons dans le second article.
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Des avis, des commentaires, des questions ? Ne vous privez pas !
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